Colin Jones

Le photographe et photojournaliste prolifique de Grande-Bretagne d'après-guerre Colin Jones est né dans l'est de Londres en 1936, il y a grandi pendant le Blitz. Son père, imprimeur dans l’East End, est parti en tant que soldat lors de la campagne de Birmanie. La famille de Jones a été évacuée vers Essex, il y a fréquenté treize écoles différentes du fait de sa dyslexie…

En 1960, il est appelé au service national, il sert dans le Queen's Royal Regiment. A peine sorti de l'armée, il rejoint le Royal Opera House puis le Ballet Royal Touring pour s'embarquer pour une tournée mondiale de neuf mois. On parle du Royal Ballet de l’époque où Kenneth MacMillan se lance dans certaines de ses œuvres les plus controversées. Colin a été décrit comme le prototype de Billy Elliot, acteur du film éponyme dans lequel un jeune boxeur est fasciné par la magie de la gestuelle du ballet. Puis Colin Jones effectue des tournées avec le Royal Ballet aux côtés de Rudolf Nureyev et de Dame Margot Fonteyn, ainsi que dans «L'invitation» de Kenneth MacMillan avec Lynn Seymour, avec qui il s'est marié par la suite.


De la danse à la photographie :

Lors d'une tournée au Japon en 1953, alors qu'il fait des courses pour Dame Margot Fonteyn, il achète son premier appareil photo, un télémètre Leica 3C. Il commence à photographier la compagnie de ballet, révélant le travail acharné et le dévouement requis pour réussir, et décrivant le ballet comme il ne l'avait jamais été auparavant. Jones profite ensuite d’un voyage de la compagnie de ballet pour photographier abondamment dans les rues de Tokyo, de Hong Kong et les Gorbals à Glasgow en 1961. En 1962, alors qu’il voyage de Newcastle à Sunderland, il remarque un groupe de personnes en train de fouiller les restes de Laitier de haut fourneau, à la recherche de charbon. Il abandonne son cours de ballet pour aller les photographier. L'année suivante, Jones quitte le ballet et change de carrière pour devenir photographe pour l’Observer Magazine, qui lui confie la couverture du mouvement naissant des droits civiques des Afro-Américains en Alabama. Ses photographies témoignent de la violente réaction de la police face aux manifestations des Noirs. C’était le premier d’une longue série de reportages et de photo-documentaires.


L’apogée du reportage photo :

Colin Jones va couvrir des sujets aussi risqués que les mines d’or brésiliennes, les gangs en Jamaïque, la prostitution aux Philippines ou les enfants soldats des Khmers rouges. Passant de l'Observer au Sunday Times Magazine, il travaille alors en pleine période de l'apogée du photojournalisme d'enquêtes aux côtés de grands photographes reporters tels que Don McCullin ou Philip Jones Griffiths.

Il va documenter des facettes majeures de l'histoire sociale britannique en travaillant dans Fleet Street pendant plusieurs années avant de devenir freelance avec  des missions sur commande. Outre ses récits d'outre-mer, en 1962 il suit notamment la disparition de la vie professionnelle dans les bassins charbonniers du Nord-Est de l’Angleterre dans « Grafters ». Il rend compte des émeutes raciales de 1963 en Alabama. « Leningrad », l’URSS en 1964. En 1966 il prend des images déterminantes du groupe de Rock mythique « The Who » au tout début de leur carrière dans « Maximum Who ». Il montre la jeunesse afro-caribéenne marginalisée à Londres dans  « The black house » en 1976...


Un travail exposé et récompensé :

Les travaux de Colin ont été publiés dans des parutions majeures comme Life, National Geographic ou d’autres magazines importants. Son travail a été largement exposé dans des lieux tels que la Photographers Gallery de Londres, la National Portrait Gallery, la Tate Modern et la Hayward Gallery. Colin a été acclamé pour ses documentaires sociaux qui lui ont valu la reconnaissance George Orwell de la photographie. En 1996, Katharine Viner a écrit dans The Sunday Times que les photographies de « Grafters » ressemblaient à quelque chose décrit par Orwell dans l'un de ses essais politiques. Ses images de coiffes en tissu et de dockers aux visages de granit, comme des photographies des années 1930, auraient parfaitement illustré « Le chemin de Wigan Pierl » d'Orwell.


Je vous invite vivement à découvrir une belle partie des images de Colin Jones sur son site : http://www.colinjonesphotography.co.uk/


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :