Esther Bubley

Esther Bubley est née en 1921 à Phillips, dans le Wisconsin, elle est la quatrième des cinq enfants de Louis et Ida Bubley. Elle a été intéressée par la photographie après avoir visionné le magazine Life et les images de la dépression américaine de la Farm Security Administration. Après le lycée, elle a passé deux ans au Superior State Teachers College, puis sa troisième année à la Minneapolis School of Art où elle a étudié la photographie.

En 1941, elle s'installe à New York pour devenir photographe professionnelle et son premier emploi rémunéré est chez Vogue où elle photographie des images de natures mortes. N'aimant pas ce travail, elle déménage à Washington où elle trouve un emploi aux Archives Nationales où elle passe ses journées à fabriquer des microfilms…


De pigiste à photojournaliste :

La carrière d’Esther Bubley dans la photographie documentaire et le photojournalisme a réellement été lancée en 1942, quand Roy Stryker l'embauche pour travailler à l'Office of War Information (OWI). Pendant son temps libre, elle prend des images des événements quotidiens de la région de Washington. En 1943, elle documente « Bus Story », l’un de ses grands succès, reportage qui illustre le rôle joué par les voyages en bus longue distance dans la vie américaine. Certaines images de ce travail sont maintenant à l'Université de Louisville. L’été de cette même année, la nouvelle photographe de l'Office of War Information, devait couvrir un défilé à Washington. La procession était l’un des nombreux efforts de publicité visant à recruter des volontaires pour les programmes de défense civile. Bubley prit les quelques « clichés obligatoires », mais se trouva plus intéressée par les spectateurs qui se trouvaient le long du parcours du défilé, que par la procession elle-même. Ainsi profitant de leur distraction, elle se faufila et captura des portraits délicats de tous ces visages parmi la foule. Ce fut son second gros succès.

En 1944, elle le suivra de nouveau Stryker jusqu'à Standard Oil dans le New Jersey (SONJ), où elle travaillera comme pigiste de 1940 à 1950. Son travail faisait partie d’un vaste projet de photo-documentaire qui visait à promouvoir l’entreprise et à améliorer sa réputation. Mais Esther développe simultanément une carrière prospère, et en 1947, elle travaille en free-lance pour plusieurs organisations et clients comme Life, le Ladies Home Journal, le Bureau des enfants (organisme fédéral de protection de l’enfance), Pepsi-Cola International, Pan American World Airways ou UNICEF…

Pendant plusieurs années, ses images vont paraître dans le journal du Bureau des enfants « The Child », représentant plus de trente couvertures. Elle est donc régulièrement envoyée en mission aux États-Unis et un peu partout dans le monde. Bubley a réalisé de nombreux autres projets photographiques à l’étranger, notamment au Maroc pour un reportage médical, en Amérique centrale et en Amérique du Sud pour Pepsi-Cola. Ces images ont ensuite été publiées dans leur magazine d’entreprise Panorama, qui a été distribué aux embouteilleurs et aux actionnaires. Puis, en 1964 et 1965, Pan American World Airways l’a envoyée faire un tour du monde pour documenter les zones qu’elles desservaient. Ces images ont ensuite été publiées dans le magazine d’entreprise The Clipper, qui a été distribué aux employés et aux actionnaires. Au cours de cette période, elle sera brièvement mariée à Edwin Locke, mais ils divorceront très vite.

Puis Esther Bubley devient photographe indépendante et sera active de 1945 à 1965. A cette époque il faut bien avoir à l’esprit que le photojournalisme était un domaine quasiment masculin, sauf rares exceptions. Beaucoup de ses images ont une grande valeur en tant que documents historiques car elles couvrent un large éventail de sujets de société. Elle a principalement photographié des personnes se livrant à leur quotidien, telles que des travailleurs et des voyageurs empruntant le réseau de bus américain interétatique, des travailleurs médicaux et leurs patients, la vie de famille à la maison et surtout des enfants en train de jouer. En effet, à la vue de sa photothèque, on se rend compte qu’Esther Bubley aimait prendre les enfants. C’est d’ailleurs principalement cette partie de son travail qui m’a toujours passionné. La photojournaliste est reconnue pour sa capacité à raconter des histoires.


Sa méthode de travail :

La plupart des images qu'elle a réalisées n'ont pas été mises en scène, ce qui lui a permis de prendre des photographies véritablement intimes et naturelles. L'artiste a expliqué qu'elle y est parvenue en intégrant le rythme quotidien de ses sujets et en disparaissant littéralement au second plan elle et son appareil photo. Pour les enfants par exemple, il est convenu que presque tous les enfants aiment se faire prendre en photo. Même bébés ils sont généralement fascinés par les lentilles brillantes et les lumières clignotantes. Plus âgés, tout en prenant plaisir à poser, ils ont malheureusement souvent été conditionnés à rester immobiles devant l’appareil photo en souriant mécaniquement (pour ne pas dire bêtement). Ainsi, faire poser des enfants n'est pas un problème en soi, mais les amener à ne pas poser en est un.

Cela ne veut pas dire qu’elle dérobe des images à l’insu de ses sujets, étant habituellement couverte d'appareils et d’équipements photographiques, elle passait difficilement inaperçue. Donc elle explique toujours qui elle est et ce qu’elle fait. Elle laisse les enfants regarder, son matériel. Elle leur explique qu’ils ne doivent pas regarder la caméra, et qu’ils doivent faire semblant de ne pas savoir qu’elle est là. Ensuite, elle commence à prendre beaucoup de photos pour qu’ils s'habituent aux cliques constants et qu’ils finissent par l’intégrer au décor et qu’ils oublient sa présence. A ce propos Esther a déclaré : « Sauf pour les très jeunes enfants ou pour une situation très émotionnelle, je ne pense pas que les enfants oublient qu’une caméra les regarde. La plupart d'entre eux sont juste des acteurs talentueux. »


Une sortie progressive du métier :

Après 1965, l’artiste a réduit sa charge de travail, les voyages fréquents devenant fatigants. Au lieu de cela, elle s'est concentrée sur des projets d'intérêt personnel et a photographié la région de New York, où elle vivait. Au cours de cette période, elle a créé un livre contenant une macrophotographie de plantes, deux livres sur les animaux domestiques et un livre documentant 159 de ses photographies pour enfants intitulées « Esther Bubley’s World of Children ». Malheureusement, le livre ne mentionne ni les titres, ni les dates des images qu’il contient. Un autre livre, qui contient trente-six images de Bubley, intitulé « Votre enfant de 6 à 12 ans », c’est une lecture intéressante sur la garde des enfants en 1949. Esther Bubley est décédée d'un cancer le 16 mars 1998 à New York.


Je vous invite à suivre ce lien pour en découvrir un peu plus sur Esther Bubley : https://www.estherbubley.com/. Ce site Web contient de nombreuses informations sur le travail qu’elle a accompli, bien qu’il n’y ait qu’environ 200 images de qualité moyenne.


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :