Mirella Ricciardi

Influence Kenya :

Mirella Ricciardi est née en 1931 d’un père italien et d’une mère française au Kenya, quand ce pays était encore une colonie de l'Afrique orientale britannique. Elle a grandi sur cette terre sauvage près des rivages du Lac Naivasha. A l’âge de 25 ans, elle se mari avec Lorenzo Ricciardi, un aventurier italien qui réalise un film en Afrique dont elle devient la photographe. De cette union elle donnera naissance à deux filles qu’elle prendra bien sûr en photo et qui inspireront une superbe série en noir et blanc sur les enfants. Quand Mirella commence à prendre des photographies du Kenya en 1967, elle est toujours dépourvue de toute base photographique puisqu’elle n’a encore jamais suivi aucune formation technique ni artistique. Elle travaille depuis 10 ans au feeling, son œil neuf, combiné avec son enfance non conventionnelle, sa connaissance de l’environnement, des animaux et des tribus des bords du Lac lui donnent un style rare et remarquable. Elle est motivée par l’idée de capturer des moments de la vie des tribus d’Afrique orientale, non encore corrompues par l’homme blanc. En fait, elle ne le sait pas encore, mais au-delà de l’aspect esthétique qu’elle recherche dans sa démarche, son travail sera un véritable témoignage sur les six groupes tribaux représentés au Kenya. Effectivement, ses images nous content les modes de vie traditionnels, les rites et les croyances, les coutumes, les aspects vestimentaires et beaucoup d’autres spécificités aujourd’hui disparues. Les six tribus qu’elle va côtoyer et fixer sur la pellicule sont les Samburu, les Massaï, les Rendille, les Turkana, les Bajun et les Boran de Gala. De ces reportages va naître son premier livre « Adieu l'Afrique », publié en 1971. Un best-seller international, qui va forger sa réputation et dont un critique a écrit qu'il était « un chef-d'œuvre d'excellence photographique ».


Retour aux sources :

Initiée par sa mère, Giselle Bunau-Varilla artiste sculpteur passionnée par Rodin, la destinée de sa vie va à jamais basculer. Giselle suggère à Mirella d’explorer les ressources de ce qu’elle a commencé et d’exploiter les possibilités artistiques de sa photographie. Dans ce but, elle lui présente le grand photographe de mode franco-russe Harry Meerson. Afin d’apprendre les bases de cet art, Mirella commence à travailler bénévolement pour lui en tant que stagiaire, cette phase d’apprentissage durera deux ans. Meerson lui enseigne non seulement les rudiments de la photographie mais aussi l’art de gérer l'éclairage, et par-dessus tout, il lui apprend à regarder et à voir. Il a révélé en elle l’aptitude à détecter le bon moment pour immortaliser une image, celui qui permet de fixer l’expression passagère essentielle et le graphisme des situations. Mirella s'installe alors à New York où elle va affiner sa technique avant de retourner vers sa patrie de cœur, l’Afrique. Ce second voyage, qu’elle fera à bord d’une Toyota d’occasion constitue un tournant et un moment important dans sa carrière. Elle va passer deux nouvelles années à capturer instinctivement, mais cette fois avec des bases solides, les rythmes simples de la vie, la mort, la joie, les cérémonies, les parties de pêches, les jeux, les tâches du quotidien. Elle découvre alors réellement la beauté des Africains dont lui parlait sa mère jadis. A cette époque elle n’appréhende pas encore le poids de la menace que représente la civilisation occidentale sur ce continent. En ce sens, elle fut le dernier témoin d’une vie tribale en totale harmonie avec la nature, d’une Afrique libre. Celle-ci sera bientôt gagnée par les problèmes que vont apporter l’implantation massive d’hôtels pour accueillir les touristes des safaris. Tout cela va aboutir, nous le savons maintenant, à la disparition et à l'occidentalisation de beaucoup de tribus.


L’Afrique toujours l’Afrique :

Elle a depuis son retour publié quatre nouveaux livres photographiques. En 1977 « La disparition de l’Afrique » et en 1989 « African Rainbow à travers l'Afrique en bateau » qui traitent tous les deux de sa terre de cœur. En 1991, de retour d’une autre destination, d’un autre continent à l’histoire similaire sur bien des points, elle publie un autre superbe recueil : « Amazonie, derniers rivages ». Enfin, plus récemment c’est « Visions africaines, le journal d’une photographe » qui sort en 2011. Mirella est beaucoup plus qu'un photographe anthropologique c’est une artiste ! Mirella voyagera un peu partout, Botswana, Zaire, Mali, Soudan, Egypte … en Afrique principalement, et à chaque fois elle nous ramènera quelques perles que j’ai eu envie de partager avec vous. Aujourd’hui, elle a coupé le cordon ombilical qui la reliait au continent africain, elle vit maintenant dans une rue de Londres proche du stade de foot de Chelsea, dans Fulham. Sa maison est métamorphosée en un lieu d’hommage à l’Afrique, remplie de masques, de statuettes et de différents « objets souvenirs » venus des tribus qu’elle a croisé lors de son long pèlerinage. Seule une paire de cornes de buffle noir, durant des années accrochée au-dessus de la porte d'entrée, a été enlevée pour rejoindre leur seconde demeure en Italie, suite à la mutation de son mari. Aujourd’hui Mirella approche des quatre-vingts deux ans, elle est incapable de s'engager dans des expéditions de grande ampleur comme elle l’a fait par le passé. Par contre sa passion pour la photographie demeure intacte et elle déclenche toujours autant. Mais elle explore maintenant la beauté de la nature et de la lumière.


En espérant vous avoir donné envie de faire un petit tour sur le site de Mirella : http://www.mirellaricciardi.com/


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :