Robert Frank

Robert Frank est né en 1924 à Zurich, en Suisse, il est élevé dans une famille bourgeoise. Son père Hermann Frank est un décorateur d'origine allemande et sa mère Régina Zucker est issue d’une famille d'industriels. Robert a un frère, Manfred. Il découvre la photographie vers l’âge de 12 ans et garde cette passion dans un coin de sa tête. En 1941, une fois ses études secondaires achevées, il commence un apprentissage chez un photographe-retoucheur qui habite dans le même immeuble que sa famille. Un an après il travaille pour Michael Wolgensinger, un photographe commercial zurichois qui l'intronise dans le milieu des magazines, des journaux et des maisons d'édition. En 1946, la famille Frank obtient la nationalité suisse mais en 1947, frustré par les contraintes de son pays natal, Robert quitte la Suisse pour les États-Unis. Peu de temps après son arrivée à New York, il est engagé par Alexey Brodovitch, le directeur artistique légendaire de Harper’s Bazaar, le magazine féminin américain, véritable institution de la mode. Robert Frank devient un photographe important des années 50-60, mais aussi un cinéaste indépendant engagé.


De 1949 à 1953, Frank a erré sans cesse, voyageant entre New York et l'Europe. A chaque endroit, il s'est concentré sur un sujet essentiel exprimant sa vision des habitants et de leur culture. Il pose son regard et son Leica sur les fleurs à Paris, les banquiers de Londres et les mineurs au pays de Galles... En 1954, il épouse Mary avec qui il aura deux enfants, Pablo et Andrea.


Avec peu de résultat commerciaux, Frank continue de faire des ouvrages photographiques reliés à la main, notamment « Mary's book » en 1949, un album de 72 photographies qu'il a réalisés pour Mary Lockspeiser, artiste et danseuse avec laquelle il s'est marié en 1950, et « Black, white and things » en 1952, sa réalisation la plus accomplie à cette époque. De son retour à New York en 1953, Robert Frank est frustré que ses photographies n'aient pas été plus publiées. Il  commence à l’automne 1954, il demande une bourse à la John Simon Guggenheim Memorial Foundation afin de pouvoir photographier librement les États-Unis. Recommandé par le photographe Walker Evans, Steichen et Brodovitch, il reçoit cette bourse au printemps 1955. Il voyage durant deux ans avec sa famille à travers les États-Unis et photographie les multiples facettes de la société américaine. Parmi 23 000 images de ce voyage, Robert Frank a sélectionné lui-même 83 clichés qui forment un magnifique ouvrage « Les Américains ». Le résultat est cette œuvre célèbre qu’il publie, avec une introduction de Jack Kerouac (compagnon de route lors d'un voyage en Floride), d'abord en France en 1958, puis aux États-Unis en 1959.


En 1960, il met son boîtier entre parenthèses et se consacre à la réalisation de films parmi lesquels « Me and my brother » en 1969, « Cocksucker Blues » en 1972, sur les Rolling Stones, « Life dances on en 1979… En 1987 sort son film « Candy mountain », dans lequel Joe Strummer, le leader des Clash tient un rôle avec Tom Waits et l'actrice Bulle Ogier. C’est un bon road-movie tourné entre New York et la Nouvelle-Écosse, l'essence même de la culture américaine qui a toujours fasciné Frank. En 1969, Robert et Mary se séparent. Il s'installe deux ans plus tard en 1971, sur l'île du Cap-Breton à Mabou en Nouvelle Ecosse, avec June Leaf, qui est peintre et sculpteuse.


En 1972, Robert Frank revient peu à peu à la photographie par le biais de photomontages, de négatifs manipulés, assemblés et de polaroïds griffonnés. Il s'engage alors dans un champ plus autobiographique qui n’est pas sa période la meilleure, selon moi. En 2013, sa monteuse, Laura Israël, qui est aussi son amie, lui consacre un film documentaire, « Robert Frank - L'Amérique dans le viseur », mêlant de nombreuses archives d'interviews et d'extraits de films, balayant soixante-dix ans d'une carrière bien remplie, surtout quand on sait qu’à l’heure ou je rédige cette biographie, Robert Frank est âgé de 95 ans... Quelques jours après la mise en ligne de cette biographie, Robert Frank nous a quitté le 9 septembre 2019.


Je vous recommande ce site avec beaucoup de photographies consultables librement : https://www.nga.gov/features/robert-frank/publications-about-robert-frank.html. Parmi tous les albums accessibles, il y a quelques raretés comme son premier voyage en 1948 au Pérou.

Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :