Stephen Shames

Le photographe new-yorkais Stephen Shames est né en 1947 à Cambridge, dans le Massachusetts aux États-Unis. Il travaille en tant que photojournaliste durant près de quarante-cinq ans, en utilisant l’image pour sensibiliser aux questions sociales. Il affectionne particulièrement les sujets qui traitent de la race et la pauvreté des enfants.


Black Panther Party :

Travaillant à promouvoir le changement social de 1967 à 1973, alors qu'il était encore étudiant à Berkley, l'Université de Californie, Shames a particulièrement documenté le Black Panther Party (BPP). Le Parti formé le 15 octobre 1966 par Bobby Seale et Huey P. Newton, vénéré par certains et vilipendé par d'autres, apparait sur la scène publique avec un programme révolutionnaire pour le changement social et l'autonomisation des Afro-Américains. Le BPP est un mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine d'inspiration marxiste-léniniste et maoïste.

Stephen Shames capture non seulement le visage public du Parti mais aussi les manifestations de rue, les postures militantes, les moments des coulisses telles des réunions privées tenues au siège du Parti, les écoles des Panther, les graffitis à teneur politique, les programmes de distribution de repas gratuit ou les distributions de tracts et de publications. Parmi ces dernières, le journal « The Black Panther », édité de 1968 à 1982 entièrement par des femmes. Il faut savoir qu’en 1970, plus de la moitié des membres du parti étaient des femmes noires américaines. Tous ces documents témoignent de l’héritage durable du mouvement des Black Panthers et de sa radicalité dans sa lutte pour les droits civiques des noirs. Admirés, injuriés, émulés, mal compris, les Black Panthers ont pourtant été l’un des groupes les plus créatifs et les plus influents face aux inégalités économiques et sociales dues à la couleur de peau aux Etats-Unis.

Shames a vécu de l'intérieur l'aventure des Black Panthers aux États-Unis pendant de longues années. Photographe engagé politiquement, il documente la vie quotidienne de ce mouvement qui lutte contre l'oppression du peuple noir. Par leur éloquence, les dirigeants Huey Newton et Bobby Seale rassemblent. Les mots sont importants, les apparences aussi : tenues vestimentaires et attitudes codifiées. Shames met ces luttes en image, ce qui n'est pas sans risque car il est le seul blanc au milieu de ces Afro-Américains.

En 1970 il prend en photo un garçon noir, assis sur une statue à l’entrée du tribunal de New Haven, qui crie son désaccord et brandit haut le poing. Cette photographie est iconique, elle fait penser à d’autres mains levées comme celles des sprinteurs américains John Carlos et Tommie Smith aux Jeux olympiques de 1968 à Mexico. Le geste est devenu un symbole de la lutte des Afro-Américains hors et à l’intérieur des frontières de leur pays, il sera utilisé avec abondance par les Black Panthers.


Du photojournalisme à l’ancienne :

Les photographies de Stephen Shames sont évidemment historiques, avant d’être magnifiques, dans leur opulence de noir. C’est une plongée au cœur du mouvement, mais aussi dans la démarche de Stephen Shames, du photojournalisme à l’ancienne comme on n’y fait plus attention. Proche des hommes, loin des marasmes du spectacle à outrance. L’esthétique, le cadrage, n’ont pas d’importance. Point de sang, ni d’excès de violence. Ce qui compte ici, c’est l’information, la valeur historique d’une scène. Certains voient en lui le successeur de Jacob Riis et de Lewis Hine. Photographier un objet ou un mur est une investigation. Il y a beaucoup de portraits simples, pris au grand-angle, de gens qui ne font rien d’exceptionnel sinon que d’avoir la peau noire et se battre pour leur condition. Dans le regard profond de ces hommes et de ces femmes se lit l’histoire tragique de l’humanité qui, alors que ces images paraissent d’une autre époque, n’en a toujours pas fini avec les inégalités sociales et le racisme.

Durant toute cette période Shames produit des essais photo primés sur les questions sociales pour les magazines, les livres, les fondations, les organisations de défense des droits et les musées… En 1986, il témoigne au sujet de la pauvreté des enfants au Sénat des États-Unis. Sa fondation, LEAD Ouganda, localise les enfants oubliés, aide à favoriser leurs talents innés. En 2010, Shames a été nommé boursier du Prix pour son travail en aidant ces AID, orphelins, anciens enfants soldats et enfants vivant dans des camps de réfugiés. Les photographies de Shames ont contribué à attirer le regard du grand public sur le sort des enfants pauvres.


Ses réalisations :

Steve Shames est l'auteur de neuf monographies : « Power to the People » co-écrit avec Bobby Seale (Abrams, 2016), « Bronx Boys » (Université du Texas Press, 2014), « En dehors du rêve », « Poursuivre le rêve » et « The Black Panthers » (Aperture), « Facing Race » (Université de Columbia), « Transforming Lives » (Livres Star Bright), « Bronx Boys e-book » (FotoEvidence). Il écrit et réalise également la vidéo « Friends of the Children ».

Les images de Steve figurent dans de très nombreuses collections permanentes américaines : En Californie à Berkeley, à San Diego, à Houston, à Oakland , à San Francisco et à New York.

Steve a créé une ONG qui localise des enfants oubliés (orphelins du SIDA, anciens enfants soldats et enfants vivant dans des camps de réfugiés) avec des talents innés et les transforme en leaders en les envoyant dans les meilleures écoles et collèges.


Le site de Stephen Shames est accessible ici : http://www.stephenshames.com/


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :