Chris Steele-Perkins

Né à Rangoon en Birmanie le 28 juillet 1947, d'un père britannique et d'une mère birmane, Chris Steele-Perkins a grandi en Angleterre à partir de ses deux ans quand il est pris par son père qui quitte sa mère. Il étudie la chimie à l'Université de York avant de rejoindre l'Université de Newcastle, où il exerce les fonctions de photographe et de monteur d'images pour un magazine étudiant. Après avoir obtenu son diplôme en psychologie en 1970, il commence à travailler en tant que photographe indépendant, spécialisé dans le théâtre, tout en donnant également des conférences en psychologie.


Puis Chris s’installe à Londres en 1971, et devient photographe à plein temps. Les problèmes urbains, ses préoccupations sociales et la pauvreté de cette ville dans « les seventies » vont être un moteur d’inspirations pour son travail, puis tout au long de sa carrière prolifique. A ses débuts, Chris Steele-Perkins tourne uniquement en noir et blanc et travaille presque exclusivement en Angleterre. Dans les années 70, il entreprend de capturer le mouvement du renouveau de la jeunesse britannique : « Les Teds ». Apparus pour la première fois vers la fin des années 50, les Teddys boys étaient des jeunes garçons de la classe ouvrière qui adoptaient une tenue vestimentaire édouardienne. Ils étaient réputés pour danser le rock de manière extravagante et pour se battre. Entre 1976 et 1979, Steele-Perkins documente ce phénomène à travers le pays, révélant à quel point ce mouvement était plus qu'une simple façon de s'habiller, mais constituait un réel mode de vie. Dans ses photographies monochromes frappantes, il a capturé le comportement, la sociabilisassions, l'interaction et même la romance de jeunes dans les dancings, les pubs, chez eux ou sur dans les rue de Londres. Il en résulte « The Teds », sa première monographie qui est un livre d’images prises sur le vif qui captive.


Durant cette période Chris Steele-Perkins poursuit d’autres projets, il va notamment se rendre au Bangladesh en 1973 pour prendre des photos pour des organisations de secours, dont une partie a été exposée en 1974 à la Camerawork Gallery (Londres). En 1973-1974, il enseigne la photographie à l'institut Stanhope et à l'école polytechnique du nord-est de Londres. Il rejoint Viva en 1976, il devient l’associé de l'agence française, puis encouragé par Josef Koudelka, il intègre l’agence Magnum Photos en 1979, devenant membre associé en 1981 et membre à part entière en 1983. Il va basculer peu à peu dans une nouvelle vie de reporter et à ce titre va couvrir de nombreux conflits, il va photographier les guerres et les désastres du tiers-monde… C’est pourquoi j’intègre son travail dans ceux des reporter de guerre, mais je précise que c’est pour une facilité de classement car il est aussi photojournaliste. Ses travaux documentant la pauvreté en Grande-Bretagne l’ont conduit à Belfast, qu'il trouve encore plus pauvre que Glasgow, Londres, Middlesbrough ou Newcastle… Ses photographies d'Irlande du Nord paraissent dans un livre écrit par Wieland Giebel en 1981.


Dès la fin des années 70 le photographe sera plusieurs fois récompensé pour son travail en Afghanistan, en Amérique centrale, au Liban et au Japon. Ses photographies explorent la vie et les situations de ses sujets avec respect et ses compositions sont éclairées, révélant toujours l’humanité qu’elles contiennent. Par exemple, son travail en Afghanistan a duré quatre ans au centre d'une guerre civile complexe. Les gens ordinaires sont photographiés avec sensibilité pour tenter de faire face aux réalités de la guerre. La photo animée d'un jeu de Bushkashi place Steele-Perkins au premier plan de l'action, comme il l'a toujours été tout au long de sa carrière. Steele-Perkins a effectué quatre voyages en Afghanistan dans les années 1990, séjournant parfois avec les talibans, dont la majorité « n'étaient que des gars ordinaires » et le traitaient avec courtoisie. En même temps que James Nachtwey et d'autres, il a également été pris pour cible, le poussant à reconsidérer ses priorités. « Outre le danger que représente la ligne de front, vous n'en tirez jamais de bonnes images. Je n'ai pas encore vu une image de guerre décente de première ligne. Toutes les choses fortes se passent en arrière, là où sont les émotions… ». Un livre « Afghanistan » constitué de ses images en noir et blanc, a d'abord été publié en français, puis en anglais et en japonais.


Steele-Perkins a été président de Magnum de 1995 à 1998. Puis Steele-Perkins a passé beaucoup de temps au Japon avec sa seconde épouse Miyako Yamada, avec qui il s'est marié en 1999. Il publiera deux livres : « Fuji » et « Tokyo Love Hello ». Il ira en Corée du Sud, pour une contribution à une exposition itinérante de photographies sur l'esclavage contemporain, intitulée « Documenting Disposable People ». Puis il retournera en Angleterre pour un projet sur les bassins houillers fermés de Durham, reportage en noir et blanc sur la vie dans le nord-est de l'Angleterre, publiée sous le titre « Northern Exposures ». En 2008, Steele-Perkins a remporté une subvention du Arts Council England pour « Carers : le visage caché de la Grande-Bretagne », un projet visant à interviewer des personnes s'occupant de leurs proches à la maison et à photographier leurs relations.


Voici le site de Chris Steele-Perkins : http://www.chrissteeleperkins.com/


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :