Michael Rougier

Le photoreporter anglais Michael Rougier est né en Angleterre le 16 juin 1925. Sa famille va au Canada et s’installe d’abord à Vancouver, puis plus tard à Victoria où Michael suit ses études. Michael a beaucoup de centre d’intérêts, il aime surtout être dehors il se sent bien dans la nature et au contact des animaux. Il apprécie se promener avec ses chiens, observer les oiseaux ou pratiquer le jardinage… Il a énormément de cordes à son arc, passionné d’art, il est doué de nombreux talents artistiques, dans son atelier par exemple, il crée des sculptures en bois et en métal.


Evita :

Sa carrière commence réellement quand il est embauché au sein du journal le Montréal Standard. Son premier scoop a lieu en 1947, alors qu’il documente le transfert de bovins partant du Canada pour l'Argentine. Sur place il photographie Eva Perón, l’actrice et femme politique la plus inaccessible d’Argentine qui refusait d’être photographiée par qui que ce soit. Pourtant les célébrités ne figurent pas dans ses sujets de prédilection… Il s’arrange pour faire sortir sous le manteau les clichés dérobés d’Evita hors d’Amérique du Sud. Ses images seront publiées dans Montréal Standard et dans Life, et notamment la photo intitulée « Mrs. Juan D. Peron waving to the crowds of people, Argentina 1947 ». Il est le seul parfait inconnu à être entré un jour dans les bureaux de Life pour aussitôt se faire engager. C’est en effet en novembre 1947 qu’il sera embauché comme photographe professionnel par Life Magazine. Il va y suivre une brillante carrière ponctuée de voyages, d’aventures et de tournants historiques, qu’il documentera durant près de 24 ans !


Reporter tous terrains :

Au cours de sa période chez Life, Michael va démontrer sa grande polyvalence, marque de fabrique des photographes du magazine. Il incarne l'idéal du métier, il est le reporter pour qui aucune mission n’est inintéressante ni trop ambitieuse.

A partir de 1951, il va suivre la guerre de Corée, remplaçant au pied levé, son collègue indisponible, John Dominis. En tant que correspondant de guerre, il ne cherche pas les images d’action, il ne photographie pas les cadavres non plus, mais se concentre plutôt sur les difficultés et les émotions des soldats, il suggère aussi leurs souffrances. En parallèle de ce conflit, il fera un reportage sur les enfants devenus orphelins à cause de cette guerre. En 1954, reconnu comme l’un des meilleurs photojournalistes du moment par ses pairs, il remporte le prix de photographe de magazine de l'année de la National Press Photographers Association. Puis en 1956 il va couvrir la révolution hongroise, en 1958 il se rend au Liban, puis s’enchainent différents reportages dans le Dakota du Nord, un autre sur les scouts dans l’Indiana, il couvre des courses de chevaux et beaucoup d’autres sujets divers et variés.

Il se rend au Japon en 1964 pour y réaliser un superbe reportage sur l’adolescence japonaise en pleine rébellion qui écoute du rock’n'roll, fume, se drogue et s’enivre… La même année, alors qu'il est en Antarctique pour couvrir des scientifiques qui étudient les glaciers, il manque de mourir. Finalement il en rechapera grièvement blessé après avoir fait une chute de plus de 600 mètres en montagne. Aujourd'hui, ce sommet s'appelle « Rougier Hill » en son honneur !


Un mec sympa :

Michael Rougier à une sincère empathie pour les personnes qu’il rencontre dans ses sujets. Par exemple lors de son reportage sur l'orphelinat Taegu en Corée, il rencontre Kang, un garçon qui allait être présenté aux lecteurs de Life comme « The little Boy Who Wouldn’t Smile » que l’on peut traduire par : Le petit garçon qui ne souriait pas. Lors de ce reportage Rougier adresse une lettre à ses collègues de New York, demandant de l'aide pour Kang et son orphelinat. C’était dans un temps où Leetchi n’existait pas encore ! De cette lettre voici un morceau choisi : « … Vous êtes peut-être dans l’enfer d’un bar de New York, loin de la guerre. Mais ici des enfants ne se souviennent pas de leur vie d’avant ce conflit. Avant que leurs mères, leurs pères, leurs frères et sœurs soient tués… Alors regardez juste l’image que je vous adresse de Kang et s'il vous plaît envoyez-lui ce que vous pouvez pour l’aider lui et son orphelinat. » L'orphelinat a reçu de l'argent, des livres, des vitamines et des vêtements. Quant à Kang, il a finalement souri et a été adopté par une famille américaine… Michael Rougier va finalement quitter ses fonctions chez Life fin 1971, un an avant la fin de la publication de l’hebdomadaire.

Michael Rougier, le mari de Marilyn, le père de Karen et Nina, le grand-père de Will et de Lauren, décédera paisiblement au Canada le 5 janvier 2012 à l'âge de 86 ans.

Il n’y a pas de site consacré au travail de Michael Rougier, juste ce lien vers Life qui hélas ne contient pas grand-chose : https://www.life.com/photographer/michael-rougier/


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :