Shirley Baker

Shirley Baker est née en 1932 à Salford en Angleterre. Alec, son père, est fabricant de meubles et Joséphine, sa mère, est femme au foyer. Shirley a une jumelle, Barbara, qui deviendra elle aussi artiste. Elles vont toutes les deux aller en tant qu’internes au collège Penrhos, à Colwyn Bay, d'où elles seront évacuées pendant la Seconde Guerre mondiale pour aller à Chatsworth House, dans le Derbyshire. Lorsque Baker a étudié son métier au Manchester College of Technology, il n'y avait qu'une seule femme dans sa promotion. A la fin, elle pensait travailler dans une entreprise, pour y enregistrer des processus inutiles et produire des images promotionnelles. Elle a commencé chez les fabricants de tissus Courtaulds avant de devenir pigiste pour d’autres entreprises et enfin de faire du journalisme, notamment pour The Guardian. Inutile de préciser les difficultés rencontrées pour obtenir sa carte de presse, aucune femme ne pratiquait ce métier et les syndicats limitaient le travail des femmes photographes de presse jusqu’aux années 1960 ! Elle était donc incapable de poursuivre sérieusement le photojournalisme et pensait ne se voir attribuer que des tâches subalternes…


Shirley Baker, après la guerre, est la seule femme pratiquant la photographie de rue en Grande-Bretagne. Sa pratique s'inscrit dans la tradition d'Henri Cartier-Bresson et de Robert Frank, qui l’ont influencé. Elle est la photographe la plus convaincante qui pratique le documentaire social, avec une attirance pour donner à voir l'injustice sociale et avec une attention particulière pour les femmes et les enfants. Cela dit son travail reste encore sous-exposée. Elle a l’art de figer de merveilleuses images chaleureuses, spirituelles et même parfois drôles qui illustrent la vie quotidienne de ceux qui survivent pendant cette période de déclin industriel et de négligence sociale en Angleterre. Son travail était souvent humoristique, comme les photos de propriétaires ressemblant à leurs chiens ou celles de gens s'endormant en public ou encore celles de ces petites filles marchant dans les pas de leurs mères… Grâce à elle, nous sommes aujourd’hui tout à fait capables de visualiser les images de la vie d’un bidonville anglais tel qu’il existait il y a cinquante ans. Elle travaillait principalement en noir et blanc, bien que pendant une période des années soixante…


Baker épouse Tony Levy, un médecin généraliste, en 1957 et le couple s’installe à Wilmslow, dans le Cheshire, où leur fille Nan est née en 1963. Elle n’a jamais affiché aucune de ses photos chez elle, bien qu’elle ait aimé les prendre, ce qui résume bien la nature secrète et privée de son travail. A partir des années 60, Baker enseigne la photographie au Salford College of Art et porte toujours son appareil photo sur elle, rangé dans son sac à main. Pendant les périodes de temps libre, elle travaillait sur les logements sociaux de la région qui étaient en train d'être démolis, les habitants y vivaient dans des bidonvilles à l'abandon. C'est une période de grands bouleversements, des gens sont chassés de chez eux et certains se sont installés dans de vieux bâtiments, essayant de s'accrocher à la vie. Ses images illustrant donc la destruction des taudis à Manchester et à Salford de 1960 au début des années 1980.


Baker a continué à photographier plus tard et a obtenu une maîtrise en histoire critique et en théorie de la photographie à l'Université de Derby en 1995. Ce n'est qu'en 1989 que son premier livre, « Street Photographs : Manchester and Salford » est publié et que Baker commence à être plus largement connue. Elle rejoint la Mary Evans Picture Library en 2008 et monte des expositions personnelles à Oldham et Salford en 2012. Une autre exposition sera présentée en 2015 à la Photographers Gallery de Londres. En 2014 Shirley Baker décède, elle était âgée de 82 ans, elle restera comme l'une des rares femmes photographes à avoir capturé la vie dans le nord de l'Angleterre à partir des années 1950.


Voici ce site consacré à Shirley Baker, à visiter sans hésiter : http://shirleybakerphotography.com/the-street-photographs/


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :