René Maltête

Un homme drôle et libre :

René Maltête est né le 8 mai 1930 à Lamballe dans les Côtes d’Armor. Il commence à prendre des photos dès l’âge de 16 ans. Un photographe moins célèbre que Doisneau, moins médiatisé que Ronis, moins "historique" que Capa, mais un photographe, écrivain et poète assez atypique ! Anarchiste, anticonformiste, non-violent, antimilitariste et pacifiste. Dans sa vie il ne fréquente pas la sécurité sociale, il n’a pas de patron et de ce fait pas de retraite non plus. Mais surtout il mène une vie sans aucune contraintes, une liberté totale d’action et de mouvement, il a toujours fait ce qu’il avait envie. Pas facile de vivre en sa compagnie, ses proches en savent quelque chose ! C’est un photographe dont la particularité était de fixer sur la pellicule des images insolites et humoristiques. Anne Certain dira de lui : « Militant ardent et inventif, il avait engagé l'humour sous la bannière des causes qu'il défendait, la protection de la planète et la condamnation de la guerre… Ses amis complices se souviendront longtemps des dépôts solennels de gerbes en l'honneur « des futurs morts lors des prochaines guerres » en pleine cérémonie officielle avec sous-préfet compassé et fanfare militaire bégayante. »


Son parcours :

Il travaillait pour l'agence Rapho, comme son ami Robert Doisneau, en temps que "photographe illustrateur", de façon totalement indépendante. Il nous lègue une œuvre originale, attachante, impertinente et toujours d'une réelle et quelquefois cruelle, ironie. En 1951, il part pour Paris pour devenir assistant-réalisateur et se retrouve, en 1952, assistant-metteur-en-scène-stagiaire de Jacques Tati et de Claude Barma. Les temps sont durs, il doit pratiquer plusieurs petits métiers pour subsister. En 1958, il intègre la célèbre agence Rapho. En 1960, il réussit à faire publier son premier livre « Paris des rues et des chansons », avec des textes de Prévert, Vian, Brassens, Trenet et de Mac Orlan. D’autres livres suivront comme « Au petit bonheur » la même année, « Intervention à cœur ouvert » en 1962, « Graines pour les sans jardin » en 1980, « Scribouillages » en 1985 et en 1987 « Cent poèmes pour la paix », livre préfacé par Bernard Clavel. Puis en 1995 il publiera « A quoi ça rime ? » et enfin en 2003 le seul livre que l’on peut encore trouver dans les bonnes librairies « Des yeux plein les poches ». Drôles, poétiques et tendres, les photos de René Maltête ont été publiées dans la presse du monde entier, « Stern », « Life », « Epoca », « Camera », « Asahi Camera », « Punch », et de nombreuses expositions et cartes postales ont contribué à populariser son œuvre.


Un coup d’œil extraordinaire :

Photographe vagabond, poète, humoriste, écologiste avant l’heure, René Maltête avait le talent de piéger avec son objectif des situations insolites de notre vie quotidienne. Ses photos sont basées sur l'incongru avec un décalage inattendu, le trait d'humour est constamment présent. Mais bien plus qu'une simple image, on y trouve souvent (pour peu que l’on veuille se donner la peine d’aller au-delà du servi) une réflexion philosophique profonde. Parfois le côté drôle des situations qu’il fige ne saute pas de suite aux yeux, mais sachant qu’il y a toujours un aspect humoristique dans son travail, je vous invite à aller au delà de l’impression initiale afin de décrypter toute l’ironie qu’il exprime dans ses photographies. Il avait l’art de l’autodérision, le don de voir tout de suite la situation humoristique à côté de laquelle beaucoup seraient passés. Ses clichés en noir et blanc offrent au regard une vision du monde à la fois drôle et désormais nostalgique. Ses photos nous invitent à regarder autrement la vie qui nous entoure. En portant attention aux détails, aux hasards qui peuvent, le temps d’une seconde, créer des situations décalées, des images impensables voire des instants loufoques. Un coup d’œil à la Elliott Erwitt ou plus récemment à la Janol Apin, sans aucun doute un photographe qui comme eux serait à classer dans la catégorie des trop rares photographes humoristes.

René Maltête nous a quittés en novembre 2000 en laissant derrière lui quelques milliers de prises de vue. Ironie et humour sont, vous allez le voir, bien présents dans chacun des clichés que je vais vous présenter. Et je suis d’avis qu'en ces temps de crise, il fait bon rire afin de garder un peu d’insouciance face à tant de tristesse humaine !


Son fil a réalisé un petit site sur une infime partie de l’immense travail de son père puisqu’au total cela se compte en milliers d'images http://rene.maltete.com/


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :