Marie-Laure de Decker

Une carrière diversifiée et bien remplie :

Marie-Laure de Decker est née à Bone en Algérie en 1947, c’est une photo-reporter française de renom, collaboratrice de l'agence Gamma et d'autres magazines réputés, elle a parcouru la planète et publié de nombreux reportages sur les conflits majeurs du XX siècle. Proche des artistes, elle a également réalisé de très nombreux portraits d'hommes politiques, d'hommes de cinéma et de littérature. En 1967 elle photographie Man Ray, Duchamp, Arrabal et Topor. Puis vers la fin des années 70 elle immortalisera bien d’autres artistes encore, comme Gilles Deleuze, Pierre-Jean Jouve, Patrick Modiano ou Gabriel Garcia-Marquez. Marie-Laure de Decker fait partie des principaux photographes français contemporains. D'importants musées lui ont dédié diverses expositions rétrospectives, reconnaissant son travail au niveau international. A l'heure à laquelle je rédige cette biographie, elle est exposée à la MEP depuis juin 2012 dans le cadre de l'exposition Charlotte Rampling.

Au cours de sa carrière de reporter, elle s’est rendue bien souvent là où s’écrivait l’histoire contemporaine. Tout d’abord pour Newsweek, elle part au Vietnam de 1970 à 1972. Ensuite dès 1973, elle couvre l’actualité pour l’agence Gamma. En 1975 elle se rend au Tchad, puis en URSS et aux États-Unis. Destination le Chili en 1983 juste après la naissance de son premier enfant, Pablo. En 1985 elle fera de nombreux séjours en Chine et au Mozambique où elle effectuera de nombreux reportages de sociétés. En 1986 elle entreprend son premier voyage en Afrique du Sud, à une époque où l’on se demandait si l’apartheid allait tomber un jour. Puis elle collabore au magazine Studio, et débute une activité de photographe de plateau, en particulier sur les films de Maurice Pialat (Van Gogh, Sous le soleil de Satan, Le Garçu…). Sur le tournage d’Indochine, elle se lie d’amitié avec Catherine Deneuve et accompagnera l’actrice à l’occasion d’autres films. En 1987 après la naissance de Balthazar, son second fils, elle se lance dans la photographie de mode et la publicité pour de nombreux magazines. Pour s’occuper de ses deux enfants, la photographe de Gamma passe du grand reportage au glamour. C’est le temps des clichés de mode pour “Vogue”, celui des portraits d’autres personnalités artistiques comme Jacques Prévert, Marguerite Yourcenar et Duras, Orson Welles, Gainsbourg ou Charlotte Rampling. Mais Marie-Laure se sent comme un diable en boîte. Elle repart de temps en temps en séjour pour poursuivre son travail en Afrique du sud, où elle rencontrera Nelson Mandela en 1993. Dès 1995 elle s’installe à Rabastens, non loin du Tarn, une rivière qui la fascine depuis son enfance, et poursuit sa carrière de photographe.


Rencontre avec les hommes de l’interdit :

S’occuper de ses enfants lui a procuré un plaisir nouveau, mais le goût de l’aventure lui manque toujours et en 2001 elle repart vers le Tchad : “Quand mes fils ont été assez grands, je suis retournée à mes premières amours. Je n’ai pas de plus grand bonheur que de découvrir et photographier un peuple que je n’ai jamais vu. C’est comme mettre la main sur une pépite.” Lors de ce retour aux sources Marie-Laure de Decker rencontre Les Wodaabés, «  les hommes de l’interdit », Peuples Peuls du sud du Tchad, qui figurent parmi les derniers nomades d’Afrique et qui vivent en autarcie. Depuis qu’elle les a rencontrés Marie-Laure de Decker retourne chaque année chez eux. « J’ai trouvé mon idéal, les Wodaabés, des gens qui ne se battent pas, qui s’aiment et se respectent, qui aiment leurs vaches auxquelles ils doivent leur survie ». C’est un peuple pastoral, très attaché à ses vaches rouges aux immenses cornes. L’élevage est leur seul métier puisque pour eux, tout le reste n’est que mensonge ; leur grandeur et leur notoriété se mesurent au nombre de vaches qu’ils possèdent. C’est aussi leur force, leur vie, la garantie de leur totale autarcie. Sans elles, ils se sédentarisent et perdent leur culture. Depuis les temps les plus anciens, les Wodaabés ont observé que chez les oiseaux, les mâles sont souvent plus beaux et plus spectaculaires que les femelles. Au cours de leur fête annuelle du Worso les hommes se maquillent, se parent et reproduisent les gestuels et les sons des parades d’oiseaux pour séduire les femmes. Ainsi, celles-ci ont plusieurs jours pour choisir l’homme avec lequel elles partiront et resteront jusqu’à ce que l’amour entre eux demeure. Les Peuls ont une morale très stricte : le Poulakou, qui comprend trois vertus : la patience, la conscience et ne jamais être dans une situation de honte, comme le vol et le mensonge. Si les troupeaux des Wodaabés attisent les convoitises, c’est l’originalité de leur culture qui en fait un peuple menacé. On dit qu’ils maîtrisent la magie, ce qui les fait parfois craindre. Mais leur résistance est quotidienne pour préserver leur mode de vie. Ils souhaitent dire au monde que l’on peut vivre autrement et qu’eux-mêmes sont encore vivants. C’est un peuple qu’elle adore aussi Marie-Laure de Decker a-t-elle décidé de les photographier un à un,  afin de rendre compte des visages de ces gens qui vont peut être disparaître un jour. C’est cette série de clichés qu’elle a prise patiemment chaque année entre 2001 et 2010 que je veux partager avec vous aujourd’hui. Il s’agit d’une série de photographies en couleur et en noir et blanc qui fut également le sujet central d’une exposition qu’elle a présentée en 2011 à St Restitut.


Son ancien site est hélas inactif http://www.marielaurededecker.com/


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :