Nadar

Il est entre autres connu pour cette série de portraits qu’il a réalisé à partir des années 1850 d’artistes et de personnalités de son époque. Le photographe français Nadar, de son vrai nom Gaspard Félix (dit Félix) Tournachon, naît le 6 avril 1820 à Paris.  Son père, lyonnais d'origine, est imprimeur et éditeur de tendance libérale. A la mort de ce dernier, il rejoint sa mère et s'inscrit à l'école de médecine de Lyon. Soutien de famille, il s'exerce au journalisme en écrivant des critiques théâtrales dans la presse locale avant de rejoindre Paris où il effectue divers travaux dans de petits quotidiens. Vrai gamin de Paris et se trouve confronté assez jeune à la nécessité de travailler pour faire vivre sa famille. Il entre dans la presse, l’une des grandes industries du siècle. C’est par ce biais que le jeune homme se lie avec le milieu des artistes, en particulier Charles Baudelaire. En 1838, il prend le surnom de Nadar. Puis il fonde le journal « L'Audience » et fréquente la jeunesse artistique de la capitale comme Gérard de Nerval, Henri Murger ou Théodore de Banville. Il publie des critiques dramatiques et des contes qu'il signe de son pseudonyme Nadar. En 1845, il publie son premier roman « La Robe de Déjanire ». L'année suivante Nadar commence véritablement sa carrière de caricaturiste et publie dans des journaux politiques d'opposition. En 1847, il travaille sur une série de portraits intitulée « Galerie des gens de lettres » qui deviendra plus tard le fameux « Panthéon Nadar ».


En 1848, Nadar s'engage dans un corps expéditionnaire constitué par le gouvernement provisoire et censé provoquer le soulèvement de la Pologne. Il est fait prisonnier en Prusse. De retour à Paris, il gagne durement sa vie en reprenant ses activités de caricaturiste. En 1849, il publie ses caricatures dans Le Journal pour rire créé par Charles Philippon. En 1854, Nadar encourage son jeune frère, Adrien, à devenir photographe. Celui-ci ouvre un atelier. Félix s'adonne lui aussi à la pratique de la photographie et réalise ses premiers portraits au printemps. Poursuivant ce nouveau champ d'expérimentation, il ouvre son propre atelier, avec un laboratoire entièrement équipé, au 113 rue Saint-Lazare. Il souhaite traduire la "ressemblance intime" des figures de la bohème et du romantisme. Défilent ainsi dans son atelier Baudelaire, de Nerval, Delacroix, Doré, Gautier, Berlioz. Nadar entreprend des recherches sur le collodion alors utilisé en photographie. En mars, il publie sa célèbre lithographie « Le Panthéon Nadar », caricatures où figurent trois cents célébrités contemporaines. Le succès est immédiat. Félix et son frère Adrien photographient notamment le mime Deburau en Pierrot. La série remporte une médaille à l'Exposition universelle de 1855. S'ensuit une dispute entre les deux frères. Adrien, qui signe "Nadar jeune", veut poursuivre seul mais Félix lui intente un procès en mars 1856 — qu'il gagne en décembre 1857 — pour récupérer l'usage exclusif de son pseudonyme.


En 1856, Nadar est à la tête de trois journaux illustrés et d'un atelier photographique. Il commence à s'intéresser à l'aérostation et devient membre de la Société française de photographie. En 1858, il réalise, à bord d'un ballon, la première photographie aérienne. En 1860, il quitte la rue Saint-Lazare et installe un atelier luxueux au 35 boulevard des Capucines, sur l’axe fréquenté par le Tout-Paris. C'est un tournant commercial dans sa carrière de photographe. En février 1861, il dépose le brevet de photographie à l'éclairage artificiel qui lui permet de photographier la nuit. En 1862, Nadar photographie à la lumière artificielle les catacombes et les égouts de Paris. Passionné par l'aérostation, il s'éloigne progressivement des affaires de l'atelier et se jette dans les aventures et les théories de la navigation aérienne. En 1863, il fonde la « Société d'encouragement pour la locomotion aérienne au moyen d'appareils plus lourds que l'air », ainsi que la revue « L'Aéronaute ». Il fait construire un immense ballon « Le Géant » capable de porter quatre-vingt passagers. En octobre, Le Géant s'écrase à Hanovre. Nadar est blessé et, endetté, il doit vendre ses collections.


En 1870-1871, lors du siège de Paris par les Prussiens, Nadar constitue une compagnie d'aérostiers militaires pour défendre de ville. En 1871, l'atelier Nadar qui connaît des difficultés financières quitte le boulevard des Capucines pour la rue d'Anjou. En 1874, Nadar qui a conservé son local du boulevard des Capucines, accueille la première exposition des peintres impressionnistes. Le fils de Nadar, Paul (né le 8 février 1856) collabore à l'activité de l'atelier avec son père. Il gardera par la suite le pseudonyme de Nadar. En 1886, Félix et Paul réalisent une série de photographies du chimiste Eugène Chevreul alors âgé de cent ans. L'interview qui accompagne les photographies devait être initialement enregistrée. C'est le dernier « exploit photographique » de Nadar père. De 1887 à 1894, Félix s'installe avec sa femme en Forêt de Sénart au sud-est de Paris. Il est malade et ruiné. Paul prend la direction officielle de l'atelier. Il fonde, rue d'Anjou, l'Office général de photographie. En 1890, Paul entreprend un voyage à travers l'Europe Centrale et l'Asie jusqu'au Turkestan pour suivre la Route de la soie. Il en rapporte plusieurs séries de photographies. En 1891, il fonde Paris-Photographe, revue essentiellement technique qui sera un échec financier. En 1893, Paul Nadar devient l'agent en France de Eastman-Kodak. En 1895, il devient enfin propriétaire de l'atelier de son père à Paris. En 1897, Félix, dont la situation financière est alarmante, s'installe à Marseille et ouvre, à 77 ans, un nouvel atelier photographique. Il le revend 5 ans plus tard pour revenir à Paris. En 1900, Nadar triomphe à l'Exposition universelle de Paris avec une rétrospective de son œuvre organisée par Paul. Félix Nadar meurt en mars 1910, Paul Nadar presque vingt ans plus tard, en septembre 1939.


Voici quelques images de Nadar : https://www.fostinum.org/nadar.html


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :