Lucien Hervé

Lucien Hervé, de son vrai nom László Elkán, est né à Hódmezővásárhely en Hongrie le 7 août 1910. Il est le fils de Lajos Elkán, négociant en cuir et de Nelly Ritscher, mère au foyer. Dès 1923, il commence l’étude du piano, il pratique aussi la lutte gréco-romaine et beaucoup d’autres sports. Il suit des études d'économie politique et parallèlement, il suit des cours de dessin à l'Académie des Beaux-Arts. László Elkán arrive à Paris en 1929 où iIl rejoint son frère. Attiré d'abord par la peinture, la musique et la mode, il commence à photographier en 1938 pour le Magazine « Marianne ». Militant actif à la CGT et au Parti Communiste, dont il est exclu à deux reprises en 1938 et 1947, c'est en cohérence avec ses convictions qu'il rejoint, dès 1940 après son évasion du camp de prisonniers de Hohenstein, les rangs de la Résistance et du Mouvement national des prisonniers de guerre et des déportés, sous le pseudonyme de Lucien Hervé.


Il est l'un des rares photographes à allier philosophie, humaniste et pensée architecturale. Ses cadrages en plongée, ses vues en oblique, un certain dépouillement et une volonté d'abstraction caractérisent un style photographique très différent de celui de ses homologues contemporains. Il est surtout connu pour sa collaboration avec Le Corbusier dont il était le photographe attitré. En effet, proche de l'école humaniste française d'après guerre, dont font également partie Robert Doisneau et Willy Ronis, la carrière de Lucien Hervé prend un tournant décisif après sa rencontre avec Le Corbusier en 1949. Photographe de l'architecte jusqu'au décès de ce dernier en 1965, Lucien Hervé est alors reconnu comme l'un des plus grands photographes d'architecture. Il collabore avec les architectes Alvar Aalto et Oscar Niemeyer, il est connu pour ses très belles images de Chandigarh, Brasília ou du Thoronet. Mais il photographie aussi les grands chantiers parisiens, du siège de l'Unesco à la pyramide de Louvre. Parmi ses dernières photographies sont celles de son appartement parisien. Durant sa carrière de soixante ans il a eu de nombreuses publications et expositions dans des galeries et des musées à travers le monde.


Pourtant, si Lucien Hervé a été beaucoup associé à Le Corbusier, ce serait réduire son approche photographique que d’en faire un simple photographe d’architecture, en effet, son art vise moins à rendre compte de l’architecture en tant que telle qu’à proposer la relecture d’un travail sur la forme à partir d’une approche visuelle propre. Et les éléments essentiels de cette perspective sont la lumière et la présentation géométrique. Lors de leur première rencontre, à la question de Le Corbusier « Comment êtes-vous devenu photographe ? », Lucien Hervé répondait ainsi : « avec une paire de ciseaux ». Mais dans ce travail de « découpe » du réel, il y a aussi une belle place pour l’humain : celui qui vient ajouter de la vie à la dynamique des lignes. Car « la beauté de l’insignifiant », c’est aussi celle de tous ces êtres qui viennent peupler cet univers de formes qu’est le monde. Il est donc évident que Lucien Hervé n’est pas juste photographe d’architecture mais c’est pourtant dans cette catégorie que les amateurs d’images le classifient.


Le photographe Lucien Hervé meurt dans sa 97ème année, le 26 juin 2007 à Paris. Voici son site : https://lucienherve.com/


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :